hey yavait une asterisque, j'ai posé qu'une seule question simple, le délire ensemble matrice golrilolosef

Et puis cest bon, un topic part pas en sucette jusque parce que des gens ont une différence d'opinion sur un film, wtf?
si tl;dr ====> skip vers la fin
/!\ SPOILERS /!\
Je pense que le "problème" (lol) avec Nolan, c'est qu'il arrive à faire d'excellents films en utilisant le format blockbuster. Exemple tout simple: quand on s'y connait un peu en cadrages on peut apprécier, par exemple, les nombreux cadrages fixés pendant des dialogues, particulièrement zoomés pour défocaliser le fond. Voilà, ya de la technique, du sens, une composition visuelle, du travail intellectuel, un message dit d'une manière précise. Donc clair, Inception, TDK ont totalement l'air d'être des films hollywoodiens typiques, parce qu'ils en sont dans la forme (le script reste compréhensible, beaucoup d'action, d'effets spéciaux, mouvement régulier, bande son epic), et de ce fait plaisent à énormément de monde. Mais en quoi ça condamne le symbolisme perçu au travers des personnages, la profondeur des dialogues et des évènements, qui nous forcent à nous poser des questions sur le thème principal ? D'autant plus que ce thème reste un des plus complexes, terra incognita en psychologie: les synapses, les capacités que le cerveau lucide n'utilise pas, les mécanismes du rêve et sa co-existence avec la perception ou la mémoire... Le film n'a pas de trame "officielle" déjà. C'est dire que l'on peut chercher longtemps, yaura pas de vérité ultime, encore moins une preuve rationelle quand aux "vrais" évènements. Donc tu peux l'interpréter de différentes manières, et à partir de là ça fait _indéniablement_ réflechir.
Par exemple: sur qui s'effectuait l'inception ? Est ce que c'était vraiment Fisher, ou est ce que c'était le spectateur? On s'accorde tous sur le fait que le film en jette, et nous transporte profondément, à la manière d'un rêve. A partir de là le titre devient un concept, vu qu'après ce passage du spectateur à travers les différentes couches d'interprétation, une idée venue du film a germé dans notre esprit et persiste. Dès lors on peut considérer toute l'histoire comme une métaphore sans cohérence, ayant pour seul but de déposer une question dans l'esprit du spectateur. Par exemple, un passage important: quand ariane "ferme la rue" par deux miroirs géants, est ce qu'elle emprisonne Cobb dans une abîme de son passé, ou est ce qu'elle emprisonne le spectateur dans une mise en âbime ? Le film va bel et bien au delà de son script, il bâtit un énorme problème - qui plus est purement psychologique: peut-on profondément influencer l'individu, strictement par l'inconscient? Dans cette optique, le film a fonctionné même pour les détracteurs. Parce qu'en nous mettant plein la vue, en nous faisant rêver, il y a expérience forte, et donc mémoire profonde. Qu'est ce qui nous permet d'affirmer, à partir de là, qu'on en est pas affectés du tout, alors qu'on connait à peine la surface, aujourd'hui encore, de l'inconscient dans son rapport au rêve ?
De toute manière, Inception pose une question majeure tout au long du film: qu'est ce qui se passerait si on se baladait dans nos rêves les yeux grands ouverts ? D'où débouche, en particulier, la vieille théorie platonique du monde des idées, que je trouve bien mieux illustrée que dans Matrix 1. Avec Cobb, on a l'exemple des problèmes mentaux que celà pose face aux vestiges émotionels, en particulier leur importance imperceptible au grand jour. En tout cas, le script est simple d'accès sans être simple: on traverse des planes de rêves, le spectateur se mélange au personnage... Au final énormément de gens sont perdus. Cobb passe à un niveau d'analyse plus profond, nous aussi, Cobb perd le sens du réel, nous aussi. Ca ne réside pas dans l'abstraction ou dans des "vides intentionels". Parce qu'en plus d'être bourré d'ellipses parfaites qui feraient bander Hitchcock, le fil conducteur reste intact, alors que dans le chemin on y perd des plumes si j'ose dire. Exactement comme dans un rêve. Perso je vois toujours pas de sens exact à deux séquences précises du film, même en y ayant bien réflechi. L'intro = figure de style, délire, prologue transceandant le film et le plongeant dans l'expérimental comme Persona ? Et vers la fin, le flashback très rapide avec l'image précise de ses enfants. Quand on revoit quelque chose qui nous est cher, l'image qu'on en a enregistré nous revient à l'esprit. A moins que c'était une prise de conscience du sommeil qu'il a raté ? Et si Cobb, tout ce temps, était encore dans les limbes et a justement failli en sortir, "rentrer à la maison" ? Donc on sait pas si Cobb rêve encore ou pas, d'autant plus que la toupie a un mouvement différent de tous les autres, comme à chaque fois.
En bref bref bref, c.f. loopiz: l'intérêt majeur du film ne réside pas uniquement dans les péripéties spectaculaires du script, mais dans les mouvements de la pensée du spectateur = définition même d'un film dit psychologique ou qui fait réflechir. Sans compter le thème du film, car il s'agit quand même d'un itinéraire partagé avec les personnages et le réalisateur dans le labyrinthe des neurones.
Après c'est pas le cas pour tout le monde, on a des sensibilités différentes, ya aucun mal à ça tant qu'on l'admet et le tolère. Un truc marrant d'ailleurs c'est que souvent, les gens montrant de très hauts standards de film "mirroir" conaissent pas du tout Bergman, alors que c'est la référence majeure du genre s'il en existe un. Et même si rien n'y oblige, un réalisateur tel que Nolan ça se respecte plus que ça. Si c'était si con, je vois pas pourquoi tout le monde pourrait faire ce qu'il fait, pourtant c'est très, très loin d'être le cas (un des rares mecs intéressants @hollywood qui osent briser les modes récentes en apportant du vieux, notemment dans le tournage, tout en restant mainstream).
Au fait Jonathan, évite Jacob's Ladder, ressemble beaucoup à Shutter Island (ya une scène particulière de shutter qui y fait hommage style limite copié-collé).