Street Fighter.FR

Je suis allé voir le dernier Spielberg il y a quelques jours, et le moins qu'on puisse dire c'est que si le film m'a interpelé ce n'est pas en bien.
Je n'ai strictement aucun reproche à faire à la realisation sur le plan esthetique, mais en ce qui concerne le scenario et le message sous-jacent, je suis plus que réservé.
En effet, l'apparente simplicité du scenario, les differentes piques à l'egard du monde dépeint (le beauf qui joue l'argent du loyer, la mere qui laisse bruler la bouffe, etc...), les incoherences (le heros est un pouilleux qui squatte une decharge mais il a un kit VR fonctionnel ?! Comment il paie son abonnement internet ? Et le coup de la pile de caravane où tu dois etre un yamakasi pour descendre chercher ton pain.. peuplée de vieilles dames obeses ?! Ou alors le hero est trop con pour utiliser un escalier....)
En fait, le film abuse de tellement de clichés qu'on fini par avoir envie de dire "le ciné c'est de la merde", mais pour etre plus juste, il faudrait plutot ecrire "Hollywood c'est de la merde" !
On trouve donc :
-un hero orphelin, con et naif, se definissant lui-même comme un "fanboy" (je vais revenir là dessus plus tard, parce que c'est le truc le plus nauséeux du film à mon gout)
-un beau-père (ou faisant fonction) alcoolique et violent
-une nana dont le seul interet est de guider le "hero" par la quequete jusqu'à "la resistance"
-une compagnie mechante
-des resistants pouilleux qui font pousser des salades
-des mecs qui sont présentés comme vivant à l'autre bout du monde alors qu'en fait ils habitent à 2 patés de maisons
-un programmeur démiurge tendance autiste asperger
-des enigmes debiles dont la resolution repose sur un truc vraiment malsain...

brrreeeeefff... c'est cliché sur cliché. J'entend déjà le contre-argument, que commme c'est calé sur la culture JV, que celle-ci semble etre devenue la religion domninante dans la diégèse du film, les clichés sont finalement bien à leur place.
Je trouve que c'est une excuse tarabiscotée. Une critique que j'ai entendue consiste à dire que les references au jv et à la pop-culture sont finalement anecdotique et inutiles au propos, et ne sont pas exploitées. J'y opposerait cet argument : l'environnement VR de l'Oasis est un jeu bac à sable : tout élément provenant d'autres licences n'est finalement qu'un mod du jeu.
On pourrait davantage critiquer le coté policé de cet environnement (pas de porno, pas de "dark oasis", etc...)

Alors, qu'est-ce qui me dérange vraiment dans ce film ? Et bien tout simplement son principe : le hero avance parce qu'il connait parfaitement le Cor... euh, la vie du proph... euh du programmeur.
Oui, ce film est tout simplement une promotion déguisée et insidieuse de la foi religieuse. La scene de fin où il rencontre Halliday est d'ailleurs chargée de mystique : le film sous-entend clairement que la presence d'Halliday avec qui il converse est une entité mystique.

Tout ça me derange d'autant plus que j'ai fini par chercher un résumé du bouquin dont est tiré le scenario, et là c'est le drame :
-le heros du livre est un mec intelligent et calculateur : lorsqu'il remporte la premiere clé il profite de sa notoriété pour se faire du vrai fric en utilisant son avatar comme une marque (avec produits dérivés, tout ça...)
-dans le livre le hero est aussi un connard pretentieux : quand le mechant le menace, il le defie de mettre sa menace à execution ! Il est donc responsable de la mort de sa tante !
-suite à cette tentative d'assassinat il se cache plusieurs mois sous une fausse identité (grace au pognon des produits dérivés il a pu se faire de faux papiers)
-l'un des copains du hero sera victime irl des seides du mechant.
-la pluspart des epreuves sont tout simplement des enigmes basées sur la culture populaire (jouer tel morceau avec telle guitare, etc.), ou sur la capacité à faire un perfect score sur de vieux jeux.
-La pluspart des trucs sont étalés sur la durée (la bataille finale est censée durer plusieurs jours).
-le soutien logistique aux heros provient de l'associé du programmeur, à la tete de la boite concurente des mechants.
-le livre s'arrete apparement sur le hero qui embrasse la fille, on ne dit rien des changements apportés à l'oasis

A la lueur de ces changement, on sent que le realisateur a donc :
-introduit un message pro-religion (une religion basée sur la nostalgie....)
-amené une conclusion consensuelle (on ferme l'eglise 2 jours par semaine)
-supprimé le décès d'un des protagonistes

Je vais même aller plus loin : le film en fraçais se contente de dire "easter egg", et ne parle jamais, dans mon souvenir, d'"oeuf de Paques". Hors, l'obtention de l'Oeuf de Paque par le hero signifie la fin de l'exploitation et de l'esclavage des joueurs surendettés.
Quand on sait que la Pâque juive celebre l'exode d'Egypte, on peu se demander si Spielberg n'a pas glissé un sous-texte...

Pour conclure : un film divertissant, mais dont le message tournant autour de l'idolatrie du passé et d'un prophete me met tres mal à l'aise. Et ce n'est pas la conclusion avec le hero qui tripotte sa copine en disant que "la realité est la seule chose réelle" qui compensera ce probleme à mes yeux.

Ps :pourquoi grand Dieu Artemis n'est pas "un gaillard de 150kg qui habite dans la cave de sa mère et qui s'appelle Chuck" ? Ca aurait au moins été un vrai bon message à envoyer aux gamins qui verront le film : Sur internet il faut se mefier de tout le monde !

J'ai globalement kiffax. Thanos = DIEU. La façon dont ils ont développé le perso devrait être enseigné à l'école du cinéma blockbusteresque, le symétrique absolu d'Arès dans Wonderwoman.
Juste pour casser les couilles par contre, la "mort" de la moitié des héros à la fin est naze. On comprend DIRECT qu'il va y avoir une manipulation temporelle dans la suite pour faire revivre tout le monde. C'aurait été beaucoup plus subtil s'ils avaient fait semblant de tuer par exemple Stark, qui lui n'a pas Ironman 4 prévu en 2019, au contraire de Spiderman 2 ou Doctor Strange 2... C'aurait été l'occaz de vraiment se débarrasser de la "vieille garde" des avengers.