Final Fantasy Tactics
HISTOIRE
Un chef d'oeuvre, tout comme Vagrant Story, qui se déroule dans le même univers et a été conçu par la même équipe. C'est un jeu de rôle stratégique au tour par tour où on suit l'épopée d'un chevalier dans un monde moyen-âgeux qui rappelle l'angleterre et ses querelles intestinales de l'époque avec la France. La guerre de cinquante ans a ravagé le pays d'Ivalice, qui se retrouve en proie à des machinations politiques et des opportunistes, sur fond religieux. Vous incarnez Ramza Beowulf, un jeune écuyer au service d'un ordre de chevaliers dont l'aventure se transforme au cours de son exécution. Peinant à affronter les évènements qui s'imposent face à lui, il essaye tant bien que mal d'empêcher le continent de plonger à nouveau dans le chaos. Les péripéties forment une trame profondément shakespearienne, avec une fin tragique qui vous fera couler des larmes... L'inspiration anglaise est aussi claire que dans Vagrant Story (inspiré par Hamlet). Cet univers empruntant beaucoup à la tragédie Le Roi Lear frappe par la vérisimilitude de ses péripéties: tout coule de source et s'enchaîne sans difficulté. Cependant, la véritable force de la trame narrative réside dans la qualité de son écriture, que ça soit au niveau du langage ou de la maîtrise de l'action. Parcours sans faute, pas d'irrégularités, haletant du début à la fin, structure initiale in medias res, de nombreuses figures de style... L'objectif de transformer les tragédies shakespeariennes en jeu vidéo se révèle clairement dès le départ et s'avère être un pari franchement réussi. Rare qu'un jeu s'éloigne autant du passe temps agréable pour plus s'apparenter à une pièce de théâtre complexe. A savourer!
GAMEPLAY
Le gameplay est archi dur sans être insurmontable. C'est un tactics, donc on se base sur une grille de petits carrés, comme aux échecs, où on contrôle des unités. A l'instar de XCOM en somme, sorti quelques années plus tôt, dont la difficulté redoutable garde sa réputation également. Toutefois, c'est de Tactics Ogre que le jeu s'inspire, qui lui était basé sur la guerre des Balkans. Vous pouvez recruter des chevaliers, et il existe énormément de jobs que l'on assigne aux unités: chevalier, mage blanc, samurai, géomancien... Un gameplay aux possibilités sans limites, même si certains jobs sont clairement plus puissants que d'autres. Notamment le chevalier noir; mais il est en contrepartie difficile à débloquer. Car les jobs ne sont pas tous disponibles dès le début: ce système de classe requiert l'évolution logique vers un job, ainsi permettant d'apprendre des compétences complètement différentes pour chaque unité. Par exemple, un écuyer peut devenir chevalier ou archer, avec une arborescence de jobs qui en découle: chevalier => chevalier noir/samurai/géomancien. Spécialité sur spécialité! D'ailleurs il existe des unités spéciales, des personnages qui ne sont pas génériques, et font intégralement partie de l'histoire. Certains se joindront à vous momentanément, d'autres resteront jusqu'au bout. Lorsqu'on plonge dans le feu de l'action, on a très peur de faire une erreur. D'abord il faut absolument s'équiper au dernier cri si on espère survivre (difficulté élevée), puis faire preuve de prudence lors des tours: la liste des actions est disponible et vous aidera à choisir vos actions. Un invocateur lançant un sort au bon moment peut permettre de gagner la partie... Comme une avancée sur les cases trop rapide et excessivement individuelle vous garantira de perdre l'unité (permadeath après 3 tours).
ASPECTS TECHNIQUES
La nouvelle traduction "War of the Lions" de la version PSP relève du grand art: l'anglais archaïque se voit parfaitement retranscrit, avec des expressions idiomatiques complexes et un discours recherché lors des dialogues. Ce langage se prête parfaitement à l'univers du jeu et contribue à cimenter la réputation d'une histoire exceptionnelle dans un jeu vidéo, qui se démarque largement de la concurrence. Les graphismes sont bons pour une PSP, mais ce n'est clairement pas l'argument de vente du jeu: il faut garder à l'esprit que c'est le port d'un jeu PS1 des années 90. D'ailleurs, le successeur spirituel de FFT, Triangle Strategy, mise carrément sur le nostalgique avec des graphismes du style Octopath Traveler, comme quoi! Quand à la bande son, que dire ? C'est Hitoshi Sakimoto, le compositeur de Vagrant Story, Final Fantasy 12, Valkyria Chronicles... Les morceaux sont variés (plusieurs thèmes de combat), judicieusement adaptés aux personnages ou aux situations, profondément vivants et aussi émouvants que ceux de Nobuo Uematsu. Il a accompli un travail de génie, et je vous laisse en juger par vous-mêmes dans ces arrangements au piano de sa bande son orchestrale, qui fait vibrer l'âme au gré des nombreuses mélodies mémorables que le jeu vous offre au cours de l'aventure.
https://www.youtube.com/watch?v=6w85M5n ... KC&index=1
VERDICT
10/10
Cet opus "hors-série" des FF sera toujours inscrit au patrimoine des classiques du RPG, et ce à juste titre: son histoire brille de créativité et de vérisimilitude, inspirée par des faits historiques réels. Le jeu a servi de modèle à toute sa postérité ludique, de Final Fantasy 12 à Valkyria Chronicles. Le défi est présent du début à la fin, avec des boss parfois redoutables lorsqu'on se trouve stratégiquement démuni. Grâce à sa bande-son inoubliable, il vous fera passer un bon moment sur votre plateforme portable: disponible sur Android et iOS !
Prochain test: The Witcher 3 ! Patience... Ca va être long