
Le roman graphique culte d'Alan Moore et Brian Bolland enfin adapté en animation.
L'histoire d'origine étant relativement courte, un prélude centré sur Batgril ouvre le film. Ce segment, entièrement inédit, occupe pas moins de 25-30 minutes sur les 73 minutes que dure le métrage. C'est le principal défaut de cette adaptation. On comprend la volonté d'approfondir le personnage de Batgirl afin d'impliquer d'avantage le spectateur émotionnellement dans les événements qui vont suivre, mais demeure cette désagréable impression d'assister à 2 films différents collés bout à bout. Cette première partie est loin d'être mauvaise, mais elle est pratiquement intégralement indépendante de la suite de l'histoire, et donc essentiellement inutile (un prélude de 15 minutes aurait suffit pour étoffer la relation Batman/Batgirl).
Heureusement quand The Killing Joke débute réellement, l'adaptation (extrêmement fidèle à la BD) tient toutes ses promesses. La prestation de Mark Hamill est littéralement démentielle. 25 ans qu'il incarne le personnage du Joker et il arrive encore à nous surprendre. Le Joker de Killing Joke n'est pas n'importe quel Joker, et Mark Hamill lui insuffle une folie calculatrice et une dangerosité sadique qui ont de quoi glacer le sang. Quelques scènes psychologiquement fortes instaurent un véritable malaise, et on salue la volonté de DC d'offrir un produit fidèle au matériel d'origine en assumant pour la première fois en animation un classement R (-17 ans), ce qui était indispensable pour une adaptation digne de ce nom.
Kevin Conroy (Batman) et Tara Strong (Batgirl) sont fidèles à eux-mêmes, à savoir absolument excellents.
La musique se fait assez discrète et se révèle parfaitement adaptée à la nature du récit, tandis que l'animation est de très bonne facture sans pour autant transcender quoi que ce soit. Le design s'apparente à du Bruce Timm en plus détaillé, ce qui convient parfaitement.
Ce rajout massif de Batgril un peu gratuit empêche de faire de cette adaptation une œuvre CULTIME, mais pas de quoi gâcher le plaisir général. Car une fois que le Joker entre en jeu, commence une descente infernale superbement maîtrisée dans les méandres les plus obscurs de la psyché, aux portes de la folie.